Suite   Métro-GroTTesque
"Voyage au bout de l’âge de Fer"
Pour voix, piano jouet, alto & clarinette basse

À  Cheiko Hayashi   Mezzo Soprano

L'OUSONMUPO- RATP

L’univers du métro parisien, offre une diversité de situations sonores inépuisable, Égérie de l’imaginaire fantasmatique du compositeur.Je suis sûr que vous n’êtes pas sans avoir remarqué les deux  « t » de  groTTesque ? La nature souterraine de la plupart des stations m’a conduit à les considérer comme une succession de grottes singulières, où se croisent durant presque 20 heures par jour, des voyageurs indigènes avec des densités variables au fil des heures. Cette métaphore spéléologique m’a conduit à révéler un monde où, par ailleurs, L’Art Pariétal s’y manifeste dans des formes toujours renouvelées : lessives, voitures, voyages de rêve, publicités et annonces diverses, remplaçant les aurochs et autres bisons, chevaux et scènes de genre des temps anciens. Les indigènes de chacune des  stations/grottes – c’est ainsi que je nommerai désormais le peuple de ces grottes « ratpiennes » – de la ligne N° 2  Nation / Porte Dauphine, usent d’une langue idiomatique qui leur est propre.

Le parler du peuple des grottes ratpiennes

Dans la partition, la forme du texte idiomatique est le résultat, non pas d’un rétrograde scripturaire (avron>norva) ou phonétique (verlan : ronave), mais bien d’un rétrograde de l’enregistrement des annonces par l’opératrice des messages adressés aux voyageurs du métropolitain.
Pour ce faire, j’ai parcouru toute la ligne aller/retour, enregistrant les annonces et l’ambiance de la rame de la ligne 2.
Ce traitement de l’enregistrement, et l’endophonie* qui en résulte, aboutit donc à la création de leur idiome devenant un langage vernaculaire en regard du langage véhiculaire usuel de la civilisation métropolitaine, et compris des allogènes.

La Partition

L’objet sonore, né du sens inversé de son enregistrement, produit une curiosité linguistique imprévisible et incompréhensible. Cet idiome totalement inconnu, a dû être  transcrit et restitué phonétiquement au plus près afin que la mezzo soprano puisse le chanter.
Les annonces se font en deux temps, d’abord à l’approche de la station, en langage idiomatique, à l’attention des indigènes éventuellement présents, puis en station, en langage véhiculaire qui révèle, de manière intelligible, le nom de celle-ci.
Le développement évoque en langage véhiculaire, le quartier au dessus de cette station/grotte : ses rues, personnalités, évènements ou monuments remarquables.
Une note MI récurrente se fait entendre, signal  qui annonce la fermeture des portes suivi d’un court solo de métro avant la station suivante et sa nouvelle Suite. La visite des 23 stations de la Ligne 2  devient un voyage de 23 suites, 23 temps ousonmupiens introduits par l’annonce inversée de la station et conclus par l’annonce compréhensible qui révèle le nom de la station.
« Ah bien sûr » me feront remarquer des auditeurs malicieux  et pointilleux « que faites vous des stations/grottes aériennes sur cette ligne car il y en a quand  même 4 ? »
Certes devenues des grottes à ciel ouvert au hasard d’avatars géologiques, ces Grottes Particulières, certaines lourdes d’Histoire, ont besoin de respirer et ont mérité le statut de stations/grottes Émergées ! Elles sont soumises  cependant aux mêmes règles linguistiques et au même protocole d’annonces que leurs sœurs souterraines.


Chieko HAYASHI                                 Mezzo Soprano              
Fréderique SAUVAGE                        Violon alto
Alain SÈVE                                           Clarinette Basse         
Joëlle CHAILLOU-CHOURAKI            Piano jouet                
Patrick LENFANT                                 Diffusion des endophonies

 

*(du grec : ἐνδο – φωνή) :   Toutes situations de diffusion sonore en direct ou d'enregistrement à l'aide de moyens électroacoustiques.